Quantcast
Channel: invités – Chérif Abdedaïm
Viewing all articles
Browse latest Browse all 11

Les coulisses de la Déclation Rothschild-Balfour

$
0
0

Par Aline De Dieguez

Les coulisses de la Déclation Rothschild-Balfour (1)

« Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre ». Baruch Spinoza

Où l’on découvre que le terrain est miné et que chaque mot d’un texte apparemment anodin cache un piège.

Dans la véritable guerre de cent ans menée par les immigrants sionistes contre la population palestinienne autochtone, les Palestiniens seraient bien inspirés de méditer les principes que le stratège chinois Sun Tzu a énoncés dans son Art de la guerre: « Je dis que si tu connais ton ennemi et si tu te connais, tu n’auras pas à craindre le résultat de cent batailles. Si tu te connais toi-même sans connaître ton ennemi tes chances de victoires et de défaites seront égales. Si tu ne connais ni ton ennemi ni toi-même tu perdras toutes les batailles.« 

Car cette guerre n’est pas née en 1947, ni même à la fin du XIXe siècle. Ses armes psychiques ont été forgées durant les siècles mythologiques de la préhistoire religieuse de populations qui occupaient un petit territoire ingrat, coincé entre deux immenses régions fertiles – la Mésopotamie et la vallée du Nil.

N’ayant pratiquement rien sur la terre qui pût combler leur instinct de puissance, les hommes de cette tribu se sont approprié le ciel.

Ce coup d’Etat cosmique fondateur est la bombe nucléaire mentale qui a donné aux membres de cette tribu la force de demeurer groupés au fil des siècles tout en attirant une limaille d’individus et de peuples qui caressaient l’idée qu’ils étaient, eux aussi, différents des autres hommes. Mais il est également le talon d’Achille d’un groupe trop peu nombreux pour espérer imposer son imaginaire au reste du monde.

En effet, à l’heure où les dieux locaux sont devenus des sortes de mégalithiques qu’on peut situer sur l’échelle de l’archéologie mentale de l’humanité, un dieu archaïque et tribal qui ressortit à l’anthropologie religieuse, se révèle un lourd fardeau. Des dieux sont morts, d’autres sont nés.

Qu’est-ce qu’un dieu sans fidèles et sans manifestations concrètes de leur adoration? Lorsque plus personne n’a adoré Mardouk, Mardouk est mort. L’adoration des fidèles est l’oxygène des dieux. Lorsque le dieu chrétien a capturé les fidèles de Jupiter, Jupiter est mort, Isis, Osiris, Amon Râ n’ont plus de fidèles, Mardouk n’a plus d’adorateurs, Odin, Wotan, Frija, gisent au fond des mers glacées du septentrion, Camos, Melqarth, Hadad, Baal, tous ces collègues et contemporains de Jahvé, qui régnaient en maîtres sur les cités voisines de la Judée, ont même totalement disparu de la mémoire des hommes. Les Cananéens n’ont pas eu l’imagination assez fertile pour se faire attribuer leur territoire par Camos.

Aujourd’hui, un gigantesque dieu aussi universel que vaporeux – la Démocratie – a surgi des entrailles de la jeune Amérique. Il a déjà conquis la terre et impose son règne et ses valeurs à la planète entière.

Or, c’est derrière le panache blanc de Jahvé, leur antique dieu local, que les sionistes sont partis, sabre au clair, à la conquête de la Palestine. C’est au nom des principes universels du dieu Démocratie que les Palestiniens tentent de résister à l’assaut.

La Palestine est aujourd’hui le théâtre d’une guerre des dieux : le vieux dieu local prétend retrouver ses privilèges anciens, persuadé qu’il est qu’en son fief montagneux, il est d’autant plus inexpugnable qu’il bénéficie désormais de puissants appuis dans le monde entier.

Dans ce combat de Titans, le texte connu sous le nom de Déclaration Balfour constitue une étape décisive. L’analyse de ce document permet de découvrir les ruses politiques subtiles qui ont permis à un sionisme religieux diffus de mettre solidement le pied sur le premier barreau de l’échelle qui a conduit à l’émergence de l’Etat sioniste actuel. Il est le premier échelon d’une échelle de Jacob qui permet de remonter aux plus lointains sédiments de prétentions a-historiques qui déchirent le Moyen Orient.

Le texte de la Déclaration

C’est par une lettre privée datée du 2 novembre 1917 et adressée à son domicile – « addressed to his London home at 148 Piccadilly » – que le fervent sioniste chrétien, Lord Arthur Balfour a annoncé à Lord Lionel Walter Rothschild, député conservateur et banquier, dirigeant de la communauté juive de Grande Bretagne, la décision de la couronne anglaise d’offrir un « foyer national » au sionisme. Mais le véritable destinataire de la lettre était Chaïm Weizmann, son ami intime, responsable de la branche anglaise de l’Organisation sioniste mondiale et futur premier Président d’Israël.

Le 2 novembre 2017

Cher Lord Rothschild,

Au nom du gouvernement de Sa Majesté, j’ai le plaisir de vous adresser ci-dessous la déclaration de sympathie à l’adresse des aspirations juives et sionistes, déclaration soumise au Parlement et approuvée par lui.

Le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif, et fera tous ses efforts pour faciliter la réalisation de cet objectif, étant clairement entendu que rien ne sera accompli qui puisse porter atteinte ni aux droits civils et religieux des collectivités non juives existant en Palestine, ni aux droits et au statut politique dont les Juifs jouissent dans tout autre pays.

Je vous serais reconnaissant de bien vouloir porter cette déclaration à la connaissance de la Fédération sioniste.

Arthur James Balfour

Pour tenter de comprendre comment on en est arrivé là, je me suis mise à l’école de l’un des hommes les plus influents du début du XXe siècle tout en étant complètement ignoré non seulement du grand public – ce qui n’est pas étonnant – mais également de la classe politique et des commentateurs prétendument qualifiés de la politique, ce qui l’est davantage. « La chose la plus difficile au monde est de suivre à la trace n’importe quelle idée jusqu’à sa source » écrivait Edward Mandell HOUSE.

Aucun jugement n’est plus profondément juste. Le personnage de l’ombre connu sous le nom de Colonel House, bien qu’il n’ait jamais participé à la moindre guerre, avait parfaitement conscience d’avoir été le manipulateur en chef des décisions attribuées ultérieurement au Président Woodrow Wilson. A ce titre, il avait d’excellentes raisons de recommander aux commentateurs politiques de toujours tenter de remonter à la source d’une idée ou d’une décision, tout en précisant que rien n’était plus difficile, car l’initiateur réel d’une décision est rarement celui auquel on en impute la paternité sur le devant de la scène. (Voir : Aux sources de l’escroquerie de la Réserve Fédérale – Le machiavélisme des hécatonchires de la finance internationale)

clip_image001[1]

Edward Mandell House

Cette éminence grise et homme de main des puissances financières qui ont permis la réalisation du plus grand hold-up financier depuis que le monde est monde – la création maffieuse de la FED la veille de Noël 1913 – était bien placé pour savoir combien il est facile de « prêcher le faux » et de l’imposer, comme le rappelle d’une manière prémonitoire le grand romancier allemand Goethe: « La vérité doit être martelée avec constance, parce que le faux continue d’être prêché, non seulement par quelques-uns, mais par une foule de gens. Dans la presse et dans les dictionnaires, dans les écoles et dans les Universités, partout le faux est au pouvoir, parfaitement à l’aise et heureux de savoir qu’il a la majorité pour lui. »

Goethe ne pouvait pas savoir à quel point son analyse collerait à la réalité du fonctionnement politique actuel des gouvernements qui se déclarent des démocraties occidentales, à l’heure où la guerre pour le contrôle d’une réalité qui ne parvient à s’infiltrer que difficilement dans les fissures d’une propagande étatique martelée à longueur de journée par des medias complaisants et largement financés par ces mêmes Etats – l’un expliquant l’autre. On ne combat plus un ennemi, on diabolise un monstre auquel on impute de fausses atrocités répétées ad nauseam par une presse servile et paresseuse, atrocités dont ces mêmes Etats sont d’ailleurs pratiquement toujours les bailleurs de fonds et les metteurs en scène.

La récente comédie politique appelée « affaire Skripal« , inventée, mise en scène et orchestrée par le gouvernement anglais en est un exemple caricatural. Plus fort encore, les Ukrainiens viennent de ressusciter un « opposant » – préalablement barbouillé de sang de porc – et « assassiné » par un gouvernement russe « criminel ». L’indignation de la presse occidentale devant cette farce macabre a été modeste. Et que dire des grossiers mensonges à l’origine de toutes les guerres conduites par une prétendue « communauté internationale » donneuse de leçons à la planète entière, mais réduite à l’empire américain et à ses vassaux de l’OTAN? Leurs vertueux missiles tuent des centaines de milliers d’innocents et détruisent des nations de fond en comble au nom des « droits de l’homme » ou du fameux « droit d’ingérence » à géométrie variable. « Si vous n’êtes pas vigilants, les médias arriveront à vous faire détester les gens opprimés et à aimer ceux qui les oppriment » écrivait si justement Malcolm X, assassiné le 21 février 1965 à Washington.

Analyse de la Déclaration

clip_image002[1]

Lord Arthur James Balfour

La prétendue lettre privée qui entrera dans l’histoire sous le nom de « Déclaration Balfour » semble, après une lecture rapide, bien vague, anodine et équilibrée. Or, en réalité, chaque mot en a été soigneusement pesé pendant des mois. Ainsi l’emploi du mot « foyer » pour le « peuple juif » – et non pas officiellement Etat – était destiné à ne pas heurter de front les Arabes du Moyen Orient. S’y ajoute une recommandation apparemment pleine d’empathie pour « les collectivités non juives » – ce qui concerne tout de même sept cent mille Palestiniens chrétiens et musulmans qui vivent sur cette terre depuis la nuit des temps, mais qui n’ont pas eu droit au titre de « peuple« , réservé à la seule collectivité juive. Comme le notait Arthur Koestler, « en Palestine, une nation a solennellement promis à une seconde le territoire d’une troisième.  »

On remarquera qu’aux yeux des rédacteurs de ce document attribué au Ministre des affaires étrangères anglais de l’époque, le peuple autochtone est vu comme un ramassis de « collectivités« . Les membres de ces prétendues « collectivités » sont désignés d’une manière négative par référence à un « peuple » juif censé, lui, homogène et d’ores et déjà constitué en nation, mais pourtant absent des lieux à cette date.

C’est parce qu’elles sont « non juives » qu’elles sont dévalorisées par une formulation négative par rapport à la positivité du référent juif. D’un côté nous avons un « peuple » encore virtuel, mais dont le statut prépondérant est d’avance valorisé, de l’autre grouillent les fameuses « collectivités » anonymes , éparses , considérées comme des occupants conjoncturels et occasionnels et qui se trouvent d’ores et déjà reléguées dans un statut subordonné à l’élément dominant. Même s’il est prévu que « rien ne sera accompli qui puisse porter atteinte » à leurs (ceux des autochtones) droits civils et religieux » , il est établi d’avance que le « peuple » constitué de la masse des colons juifs et les « collectivités » indigènes ne jouiront pas du même statut politique et social.

Un apartheid est donc clairement dessiné en filigrane dans la Déclaration Balfour-Rothschild.

Dans une note de service datant de 1919, Balfour aurait affirmé que « le sionisme s’enracine dans des traditions et des espoirs futurs bien plus importants que les désirs et les préjugés de sept cent mille Arabes qui habitent à présent sur cette terre historique ». Les juifs ont des traditions, les arabes des préjugés; les premiers ont des espoirs, les seconds des désirs

Selon la Déclaration , les « Arabes » occupent « à présent » – la « terre historique » du peuple juif. Ce sont donc des squatters sans droits et sans racines, légitimement expulsables et destinés à être renvoyés dans le pays dont ils seraient prétendument originaires. Pendant ce temps, il est reconnu d’avance que les immigrants sionistes potentiels s’installeront sur leur « terre historique« .

On voit que l’idéologie messianico-coloniale dont la déclaration Balfour-Rothschild est imprégnée, porte en son sein le venin d’une xénophobie telle qu’elle conduit depuis lors l’Etat sioniste à un nettoyage ethnique de la population autochtone. Son messianisme l’entraîne à devenir le dernier Etat colonisateur et prédateur de la planète. En effet, alors que le monde entier feint d’être aveugle et sourd, tous les dirigeants de cet Etat portent fièrement l’étendard du racisme et de la volonté de vider la Palestine des « non-juifs« .

Qui sont les sionistes

L’intériorisation de l’histoire mythique – c’est-à-dire l’impossibilité de séparer le rêve de la réalité – est, en effet, un des symptômes les plus caractéristiques de cette communauté. L’imaginaire devient si bien consubstantiel au réel qu’il finit par créer un état que les psychiatres connaissent sous le nom de « fabrication de faux souvenirs« . Il s’agit du premier stade du mécanisme d’autopersuasion du bien-fondé de son action, qui permet de créer une réalité imaginaire et de développer un sentiment de victimisation lorsque le sujet, ou l’ensemble du groupe constatent que le reste du monde n’adhère pas au rêve collectif et aux moyens utilisés afin que la fiction devienne la réalité.

Quand la fiction s’installe officiellement dans les têtes en lieu et place de la réalité historique , le rêve né d’une fiction devenue religion conduit à « l‘autopkénakersuasion quant au droit de propriété sur la terre » ( p. 217) dont parle Shlomo Sand dans son célèbre ouvrage: Comment le peuple juif fut inventé.

Par un subtil renversement des situations, les peuples autochtones qui, durant des siècles et de génération en génération de patient labeur avaient fait d’une terre aride un verger et y vivaient harmonieusement, sont renvoyés à un « ailleurs » et à un passé inventés de toutes pièces, pendant que ceux qui ne sont pas encore sur place jouissent d’avance du privilège de « l’enracinement » sur une terre qu’ils n’ont jamais occupée physiquement. Toutes les grandes vagues migratoires se sont toujours déroulées d’est en ouest. La mythologie judaïque ne s’y est pas trompée, puisque les communautés de nos régions se proclament les descendantes légitimes d’ancêtres « chassés » de la province de Judée par les armées victorieuses de Vespasien et de Titus lors de la deuxième Guerre des Juifs en l’an 70.

Les descendants des juifs des premières émigrations dans les pays du bassin de la Méditerranée sont connus sous le nom de Sépharades, par opposition aux colons issus d’Europe de l’Est et des marches de l’Asie qui se dénomment eux-mêmes Azkhénazes. Or, aucun des premiers ministres qui ont dirigé l’Etat d’Israël ne peut exciper de racines méditerranéennes ou occidentales susceptibles de donner une apparence de crédit à la prétention d’être des descendants d’ancêtres ayant vécu en Palestine. Tous, sans exception aucune, sont issus des régions talmudiques de l’orient européen ou des marches de l’Asie. Tous étaient des Ashkénazes.

Les « espoirs  » et les « traditions » talmudiques d’occupants futur sont d’ores et déjà sublimés dans la déclaration Rothschil-Balfour, alors qu’ils n’ont que mépris pour la géopolitique et la démographie concrètes du pays. Dans la foulée, les aspirations légitimes des habitants en chair et en os sont ravalées au rang de « préjugés« .

Paroles de dirigeants ashkénazes

« Le transfert forcé des Arabes des vallées de l’Etat Juif est prévu…. Nous devons coller à cette conclusion de la même manière que nous nous sommes saisis de la Déclaration de Balfour, encore plus que ça, de la même manière que nous nous sommes saisis du Sionisme lui-même. » (Ben-Gourion, Zichronot [Mémoires], Vol. 4, p. 299)

« Nous marchions dehors, Ben-Gourion nous accompagnait. Allon a répété sa question : « Que doit-on faire avec la population palestinienne ? » ‘Ben-Gourion a agité la main dans un geste qui disait : « Conduisez-les dehors! » Yitzhak Rabin, version censurée des Mémoires de Rabin, publiée dans le New York Times, 23 octobre 1979.

 » Entre nous soit dit, il doit être clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. Nous n’atteindrons pas notre but si les arabes sont dans ce pays. Il n’y a pas d’autres possibilités que de transférer les arabes d’ici vers les pays voisins – tous. Pas un seul village, pas une seule tribu ne doit rester. » Joseph Weitz, chef du département colonisation de l’Agence juive en 1940, tiré de  » A solution to the refugee problem « .

Le 12 juillet 1937, Ben-Gourion écrit dans son journal : « Le transfert forcé des Arabes des vallées de l’Etat Juif proposé pourrait nous donner quelque chose que nous n’avons jamais eue, même lorsque nous y étions nous-mêmes à l’époque du Premier et du Second Temple , une Galilée affranchie de sa population Arabe. »

« Nous devons tout faire pour nous assurer qu’ils (les Palestiniens) ne reviendront jamais. » (…) »Les vieux mourront et les jeunes oublieront. » David Ben-Gourion, dans son Journal intime, 18 Juillet 1948, cité dans le livre de Michael Bar Zohar : « Ben-Gourion : le Prophète Armé« , Prentice-Hall, 1967, p. 157.

« Les territoires appartiennent à Israël. Les Juifs s’implanteront partout sur notre terre jusqu’au bout de l’horizon. » Itzhak Rabin

« Lorsque nous aurons colonisé le pays, il ne restera plus aux arabes que de tourner en rond comme des cafards drogués dans une bouteille. » Raphael Eitan, chef d’Etat major des forces de défense israéliennes (Tsahal), New york Times, 14 avril 1983.

Petit rappel historique

L’émigration a toujours servi de soupape à une population prolifique qui demeurait néanmoins en contact spirituel avec Jérusalem et y envoyait son argent. Au lendemain de la conquête de l’Egypte par Alexandre le Grand en -333 et la création de villes nouvelles – notamment Alexandrie ou Antioche – l’émigration avait redoublé: de nombreux Judéens, fuyant le pouvoir absolu des grands prêtres ainsi qu’une vie pauvre et rude, harassée par les charges qu’imposait l’administration du temple, s’étaient installés en masse dans ces cités où les activités commerciales offraient de vastes possibilités d’enrichissement, déjà largement expérimentées par les exilés définitivement demeurés en Babylonie. Leurs descendants vivent toujours en Iran. C’est la seule communauté juive qui a obstinément résisté aux appels des sionistes à venir peupler la Palestine. Ils se déclarent pleinement Iraniens.

Durant la période de l’occupation romaine, considérée par les habitants de la Judée comme une période particulièrement néfaste, ils émigrèrent de nouveau en masse et se fixèrent dans pratiquement toutes les villes du bassin de la Méditerranée. Des inscriptions grecques du 1er siècle montrent que la Syrie, Chypre, la Grèce, les îles grecques, Cyrène, l’Asie Mineure et même la Crimée comptaient de puissantes colonies juives (Voir Renan, t.V, pp. 224-225). La colonie de Crimée jouera un rôle particulièrement important dans la conversion au judaïsme du royaume des Kazars qui fournira au judaïsme les centaines de milliers d’adeptes sans lesquels la maigre population de Judéens dispersés aurait progressivement fondu.

Dans ses Antiquités judaïques (XIV, 7), l’historien juif Flavius Josèphe, citant le Grec Strabon, écrit: « Ils ont touché toute ville, et il n’est pas facile de trouver un endroit de la terre qui n’ait pas reçu cette tribu et n’ait pas été dominé par elle. » Et dans son Contre Apion, le même Josèphe ajoute que « l’opinion universelle était qu’ils professaient une haine féroce contre celui qui n’était pas de leur secte. » (II,10)

Ce qui devait arriver arriva, une animosité violente éclatait régulièrement entre les populations indigènes et les immigrants juifs, phénomène qui se reproduira à d’innombrables reprises durant les siècles qui suivront, les mêmes causes produisant les mêmes effets, comme il suffit de le constater de nos jours en Palestine occupée. Comme l’écrit l’historien anglais Michael Grant (1914-2004), dans son From Alexander to Cleopatra The Hellenic World (p. 75), « The Jews proved not only unassimilated, but unassimilable … Les Juifs ont prouvé non seulement qu’ils n’étaient pas assimilés, mais qu’ils étaient inassimilables. » Le site officiel Lamed.fr rapporte ce jugement dans un sens positif et élogieux.

D’Hérode au « mur des lamentations »

La péripétie politique qui, depuis la traduction en français du récit de Flavius Josèphe, est connu sous le nom La Guerre des Juifs, n’a concerné que la petite province de Judée – en réalité la ville-état de Jérusalem – avec ses Pharisiens et ses Zélotes fanatiques qui avaient refusé de se plier aux règles que l’empire romain appliquait aux provinces vaincues, tombées sous sa férule – notamment le paiement du tribut et la présence de la statue de l’empereur dans le temple.

Or, les Judéens haïssaient et méprisaient leurs voisins, les Samaritains et les Galiléens. Ils voyaient en eux de faux israélites superficiellement judaïsés et racialement mélangés. D’ailleurs, le scribe fanatique Esdras ne s’était pas donné la peine d’épurer les habitants de ces provinces de leurs éléments « impurs » lors de son retour de Babylonie en Judée. Ils ont donc tranquillement regardé les Judéens se faire écraser par les Romains.

L’ironie de l’histoire est encore plus profonde et revient comme un boomerang dans la politique racialiste de l’actuel Etat sioniste, puisque la majorité des Palestiniens contemporains ne sont pas plus « arabes » que les talmudistes orientaux. En effet, après la défaite des troupes judéennes contre les légions romaines de Vespasien, puis de Titus et selon la tradition militaire de Rome, les principaux dirigeants et notables religieux vaincus et réduits en esclavage, ont fait partie du « Triomphe » de l’empereur, c’est-à-dire qu’ils ont été conduits en cortège dans les rues de Rome derrière le char de l’empereur romain Titus, avant d’être vendus sub corona dans le marché aux esclaves.

Mais les Romains n’avaient aucun intérêt à vider la Judée du petit peuple d’artisans et de paysans. De plus, une fois terminée la guerre contre les légions de Titus, durant laquelle les Judéens avaient opposé une résistance farouche, le palais et le temple détruit, les Romains n’allaient pas persécuter des populations qui n’avaient pas participé au conflit. Les Samaritains, les Galiléens et le petit peuple de la province de Judée ont donc continué à vivre sur leurs terres comme ils l’avaient toujours fait. Deux mille ans plus tard, et après maintes péripéties géopolitiques dont cinq cents ans de domination ottomane, leurs descendants se sont entre temps convertis à d’autres dieux, mais ils sont toujours présents sur ce qu’il convient de qualifier au sens propre leur « terre historique« .

L’histoire est facétieuse. Il est à la fois paradoxal et quelque peu comique de voir que le souverain qui avait fait construire leur seul véritable temple à Jérusalem, haï hier par les Judéens, soit précisément le bâtisseur auquel les juifs modernes sont contraints de se référer – mais sans jamais le nommer – en faisant du lambeau d’un mur de soutènement d’une gigantesque esplanade destinée à accueillir les pélerins du monde entier, le symbole d’un monument qu’ils tentent d’attribuer à un Salomon mythique censé avoir vécu une dizaine de siècles auparavant et un lieu fétichisé, considéré comme « sacré« .

clip_image003[1]

Le mur de soutènement ouest du temple d’Hérode et le pavement défoncé par la chute des pierres lors de la destruction du Temple

Hérode, le souverain détesté, avait couvert la Judée de constructions fabuleuses pour un si petit pays. Il avait fait édifier des théâtres, un amphithéâtre et des hippodromes, un palais somptueux et le fameux temple, le tout dans un style grec qui hérissait le poil des Pharisiens rigoristes, mais qui est aujourd’hui qualifié de Deuxième Temple, avec la révérence due au sacré. Ces merveilles architecturales laissaient la masse pieuse des Judéens de l’époque de marbre, si je puis dire. Ils n’y voyaient qu’une manifestation égoïste de gloire profane contraire à l’idéal religieux qui était le leur.

Achevé en l’an 63 et rasé par les Romains en 70, le temple d’Hérode n’a donc été opérationnel que sept ans. Seul subsiste l’empilement de blocs de rochers du « mur occidental« , connu sous le nom de « mur des lamentations« .

De nos jours, le même état d’esprit continue de régner à l’égard de la mémoire de ce grand bâtisseur dont personne parmi les juifs n’ose rappeler le nom et l’oeuvre. Mais la haine était réciproque: Hérode, Iduméen superficiellement barbouillé de judaïsme, détestait l’esprit ritualiste et étroit de ses sujets. Il passait d’ailleurs le plus clair de son temps en Grèce dont il avait fait revivre les jeux olympiques.

Ainsi, plus encore que pour tout autre groupe humain, il est à la fois capital et incroyablement ardu, de dégager l’histoire réelle de la Palestine antique de la gangue de fictions qui l’enserre dans un cocon si serré que la vérité historique finit par périr étouffée sous un maillage de babillages théologiques particulièrement inventifs.

Les chrétiens sionistes anglo-saxons et les talmudistes de tous poils tentent encore de nos jours de réécrire l’histoire, de faire de la Bible leur livre d’histoire et donc de substituer le récit mythique qui bourgeonne depuis deux millénaires dans la cervelle de leurs ancêtres et dans la leur, à la réalité.

clip_image004[1]

Brodeuses, tableau de la Palestine heureuse , Ramallah 1940 .Les sionistes n’étaient pas encore les maîtres du pays

La preuve que les « désirs » des habitants « non-juifs » de Palestine n’avaient pas à être pris en compte ne s’est pas fait attendre. C’est, n’est-il pas vrai, un très vilain « préjugé » de la part des « non-juifs » de ne pas offrir avec enthousiasme sa maison et ses biens aux colons sionistes qui venaient repeupler leur prétendue « terre historique ».

clip_image005[1]

Haifa, 12 mai 1948, les terroristes juifs de la Hagana forcent les les Palestiniens à quitter la ville avec leurs maigres biens sous la menace de leurs armes

Un mystère anthropologique

Par quel mystère psychologique et anthropologique une masse humaine hétéroclite et accourue des quatre coins de l’univers, prétend-elle affirmer qu’elle forme un peuple homogène, qu’elle est l’exclusive propriétaire d’un certain territoire – d’ailleurs plutôt ingrat – et qu’un être supra terrestre, son protecteur exclusif, en aurait été le notaire dispensateur?

Il est particulièrement intéressant de voir comment fonctionne le mécanisme d’auto-innocentement des pillages pratiqués par toutes les bandes armées depuis que le monde est monde. Comment s’innocenter à meilleur prix que d’attribuer à un être surnaturel le commandement de tuer et de voler les vaincus? C’est donc le notaire surnaturel de ce groupe humain qui est censé lui assurer la légitimité d’expulser, pour la deuxième fois, le peuple autochtone et, pour la deuxième fois, de s’installer dans ses maisons et dans ses meubles, après avoir terrorisé, volé et assassiné massivement des villages entiers. Il explique également la cruauté inhumaine que manifeste de nos jours l’armée sioniste face à des civils désarmés, y compris des enfants.

Or, la Déclaration Balfour est si maternellement bienveillante pour le « peuple élu » qu’elle va jusqu’à se soucier des droits et du statut politiques dont les juifs jouissent dans le monde entier: rien ne doit leur être enlevé sous prétexte qu’il existera en Palestine un « foyer national  » dans lequel ils ne souhaiteraient pourtant pas s’installer.

L’actuel Etat qui occupe une grande partie de la Palestine historique n’est toujours pas au service de l’ensemble de sa population – la notion de « citoyen » n’y existe pas – il n’est même pas au service des seuls juifs d’Israël. L’Etat d’Israël est l’Etat de tous les juifs de la planète. Comme l’écrit cocassement Shlomo Sand dans une interview: « Israël appartient à Alain Finkielkraut et Bernard-Henri Lévy plus qu’à mon collègue de l’université qui est originaire de Nazareth. » Et il ajoute, non sans malice: « Mais BHL, Attali et Finkielkraut ne veulent pas vivre sous la souveraineté juive. » (Le ciel nous préserve de cette tragédie, la France ne s’en remettrait pas!)

On sait maintenant que l’original de cette lettre a été rédigé durant l’été 2017 par le richissime sioniste anglais Lord Lionel Walter Rothschild (1808-1879) lui-même – il poussait le caprice de riche original jusqu’à se déplacer – en toute discrétion ! – dans un attelage tiré par des zèbres ou sur le dos d’une tortue géante.

clip_image006[1]

Lord Lionel Walter Rothschild se rend à Buckingam

Pendant ce temps, un autre richissime sioniste français, petit-fils lui aussi du fondateur de la dynastie, et cousin du premier, le baron Edmond de Rothschild de la branche de Paris (1845-1934), achetait depuis des années tout ce qu’il pouvait trouver de terres et de maisons en Palestine en vue de l’arrivée des colons-immigrants juifs. L’objectif poursuivi dès l’origine était bien de transformer officiellement la Palestine en Etat juif et de tenter de créer un « peuple » à partir de groupes de juifs issus de toutes les nations de la terre dans lesquelles ils avaient choisi de s’installer et que le mouvement sioniste tentait de convaincre de venir peupler la terre palestinienne.

clip_image007[1]

Baron Edmond de Rothschild

Lord Roderick Balfour

Le banquier Lord Roderick Balfour, descendant du rédacteur nominal de la Déclaration qui porte le nom de son ancêtre, reconnaît d’une manière quelque peu touchante – ou cynique, au choix – qu’ayant effectué plusieurs séjours en Israël, il éprouve des « réserves majeures » à propos de ce qu’il a observé, alors que son aïeul avait fait preuve « d’un grand geste humanitaire » et que « l’humanité devrait lui en être extrêmement reconnaissante« . En effet, écrivait-il lors de la célébration du centenaire de la Déclaration; il y a une phrase »rien ne sera fait qui puisse porter atteint aux droits civils ou religieux de communautés non-juives qui existent en Palestine’. C’est assez clair. Eh, ce n’est pas vraiment mis en pratique. D’une manière ou d’une autre, cela doit être rectifié. En parlant à des éléments plus libéraux parmi les Juifs, ils reconnaîtraient qu’il faut accorder un plus grand rôle économique aux Palestiniens. »

clip_image008[1]

Lord Roderick Balfour, drapeau anglais, drapeau israélien

La pure bonne conscience anglaise en pleine action. Les habitants du camp de concentration à ciel ouvert de Gaza attendent avec impatience la mise en pratique de ces excellents principes.

Or, lorsque les immigrants sionistes ont débarqué en Palestine, ils ont découvert que, contrairement à la mythologie sioniste qui prêchait qu’une terre vide attendait son peuple élu, des Palestiniens autochtones, des chrétiens et même quelques groupes de juifs cohabitaient paisiblement dans ce pays depuis des siècles. Mais pour les idéologues sionistes issus des terres asiatiques et est européennes, élevés au biberon du Talmud, sans les askhenazes, la terre judéenne était effectivement vide. Les communautés sépharades elles-mêmes, pourtant intégrées aux populations locales et à la vie économique de la région depuis des siècles, étaient elles aussi frappées d’invisibilité et d’inexistence. Pire, c’est leur intégration même à l’ensemble des populations de la région qui les néantisait face au fanatisme des nouveaux-venus ashkenazes. Aujourd’hui encore, les sépharades sont englobés dans le même mépris que celui que les colons ashkenazes éprouvent à l’encontre des « arabes » – terme qui englobe indistinctement les musulmans et les diverses variétés de chrétiens.

Les idéologues askhenazes sionistes n’eurent donc aucun scrupule à maltraiter, voler, expulser, assassiner autant de Palestiniens qu’ils en avaient la possibilité. Et ils continuent aujourd’hui encore avec la bénédiction des organes de leur Etat comme le prouve le spectacle du sordide ball trap auquel se livrent toutes les semaines des « snipers » de la fameuse « armée morale » face aux manifestants désarmés de Gaza lors des « marches du retour », et cela avec la bénédiction et les compliments de la hiérarchie militaire.

Bien que le vocable « foyer » soit volontairement ambigu et ne possède aucun statut en droit international, le Journal of Palestine Studies (, vol. 25, no 3, 1996, p. 64) révélait que Balfour, alors devenu ministre des affaires étrangères, et le premier ministre de l’époque, Lloyd George, admettaient en privé que l’objectif final était bien la création d’un Etat Juif. Plus précis encore: « Un des rédacteurs de la lettre à Rothschild, Leopold Amery, secrétaire dans le cabinet de guerre en 1917-18, témoigne sous serment, trois décennies plus tard devant la Commission anglo-américaine , que  » tous ceux qui y étaient impliqués lors de la Déclaration Balfour comprenaient que la phrase « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif » voulait dire que la Palestine deviendrait en fin de compte une république ou un État juif.  »

D’ailleurs, une semaine après que la lettre attribuée à Balfour est devenue officielle, elle a été publiée dans le Times sous le titre Palestine for the Jews. Official Sympathy « , autrement dit La Palestine aux juifs. Plus question de « foyer » ou autre synonyme de la langue de bois diplomatique.

Plus important encore, il y est confirmé officiellement que c’est bien Lord Lionel Rothschild lui-même qui en fut le premier rédacteur au cours de l’été 1917 – ce que tout le monde savait au gouvernement, mais que le Cabinet de guerre anglais qui gérait cette question n’était pas pressé d’officialiser. On avait conscience qu’il s’agissait d’un bouleversement de la géopolitique et de la démographie de la région. Le pas a été franchi après un intense lobbying de Chaïm Weizmann, le responsable du mouvement sioniste en Angleterre.

clip_image009[2]

Chaim Weizmann, responsable du mouvement sioniste anglais

Le rôle de Chaïm Weizmann a été capital. Ami de Lord Lionel Rothschild, il a harcelé avec zèle et constance un Cabinet anglais hésitant. Au bout de six mois et lorsque la victoire à Gaza des troupes anglaises sur l’armée ottomane est devenue officielle, le gouvernement Lloyd George a franchi le pas. Ultime modification: il a simplement supprimé de la rédaction Rothschild la mention de « la reconstitution de la Palestine comme foyer national juif », rédaction quelque peu gênante qui impliquait l’idée qu’il s’agirait d’un retour des juifs dans leur patrie naturelle.

Mais le gouvernement anglais n’a pas osé assumer publiquement le nom du rédacteur de la missive. Il a visiblement jugé plus honorant – ou plus décent – d’en attribuer la paternité au ministre des affaires étrangères de l’époque, Arthur James Balfour plutôt qu’au responsable du mouvement sioniste anglais, lord Lionel Walter Rothschild.

D’où la mise en scène de la pseudo lettre privée adressée au domicile de celui qui en était l’initiateur, le concepteur et le rédacteur.

Fin de la première partie

Suivront:

Balfour2: Où l’on découvre que le complot vient de loin et qu’une meute de loups s’est déguisée en agneaux.

Balfour3: Où l’on comprend que l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917 est le fruit des efforts conjugués des banquiers anglo-saxons et du mouvement sioniste international.

Balfour4: Où l’on découvrira que Messieurs Weizmann, Balfour, Rothschild , and C° sont les dignes successeurs d’Esdras et de Néhémie.

Balfour5: « Nihil sine ratione », Leibniz avait raison. Où l’on découvrira que la dispersion est une illusion d’optique et qu’un gouvernement central puissant, qui a existé durant des siècles, est aujourd’hui localisé aux Etats-Unis.

BIBLIOGRAPHIE

Mario Liverani, La Bible et l’invention de l’histoire, 2003, trad. Ed. Bayard 2008

Edwin Montagu, Memorandum on the Anti-Semitism of the Present Government – Submitted to the British Cabinet, août 1917 , accessible sur internet.

Shlomo Sand, Comment le peuple juif fut inventé, Paris, Fayard, 2008

Regina Sharif, Non-Jewish Zionism, Londres, Zed Book, 1983

Douglas Reed, La Controverse de Sion

Isaiah Friedman, The Question of Palestine. British-Jewish-Arab Relations : 1914-1918, Brunswick, Transaction Publishers, 1992

Le 12 juin 2018

Les coulisses de la Déclation Rothschild-Balfour (2)

« Ne pas se moquer, ne pas déplorer, ne pas détester mais comprendre ». Baruch Spinoza

Où l’on découvre que le complot vient de loin et qu’une meute de loups s’est déguisée en agneaux pour entrer dans la bergerie.

Dépeçage de l’empire ottoman

En 1917, la Palestine, faisait toujours partie de l’empire ottoman. Ni Balfour, ni tel ou tel membre de la tribu Rothschild n’en étaient donc propriétaires. Le gouvernement anglais n’avait aucune légitimité à en disposer ni pour le présent, ni pour l’avenir.

La date de la lettre Rothschild-Balfour (2 novembre 1917) correspond à celle de la victoire de l’armée britannique contre les forces ottomanes à Gaza. Cette victoire, décisive pour la réalisation du projet sioniste, a été obtenue grâce à l’appui des troupes arabes du chérif Hussein, de la Mecque.

Cette « Déclaration » et ses conséquences ne sont intelligibles que dans le cadre de la géopolitique de la région. Nous sommes, en effet, dans une de ces périodes charnières qui déterminent l’avenir du monde. La première guerre mondiale bat son plein. L’Allemagne et son allié, l’empire ottoman qui avait été puissant et glorieux jusqu’à la fin du 17e siècle, sortiront en lambeaux de la confrontation avec les alliés occidentaux, la France, l’Angleterre et les Etats-Unis. La défaite des Allemands et des Ottomans ouvrait alors la boîte de Pandore du démantèlement de ce gigantesque ensemble de nations trop diverses pour survivre éternellement dans un ensemble politique cohérent.

En effet, l’empire ottoman a été le plus vaste qui ait jamais existé et il est miraculeux qu’il ait duré un peu plus de six cents ans (1299-1923). La Turquie, son centre, pratiquement tout le pourtour sud de la Méditerranée, de la péninsule arabique jusqu’à l’Afrique du Nord – le Maroc excepté – mais aussi une partie de l’Europe centrale de la Bulgarie à la Grèce en passant par les Balkans, sans compter l’actuelle Arménie, l’Azerbaidjan et les territoires kurdes étaient sous sa domination.

clip_image010[1]clip_image011[1]

L’empire ottoman, ses acquisitions successives

Cet empire, dont les réseaux commerciaux et militaires s’étendaient jusqu’à la Chine, avait été une puissance politique et commerciale redoutable et prospère pendant des siècles. Mais au début du XXe, étranglé par les prêts accordés par la France et l’Angleterre et devenu « l’homme malade » de la région, il s’affaiblissait et pourrissait sur pied. Les territoires séparatistes de la périphérie en profitaient pour tenter de retrouver leur indépendance.

L’ouvrage du Professeur, peintre et poète Chérif Abdedaïm: Constantine, la saga des Beys (éditions Anep, 2015) offre une multitude d’exemples concrets qui permettent de comprendre les raisons internes de la décadence de l’empire ottoman. L’auteur analyse in vivo et avec une minutie quasiment chirurgicale à partir d’archives locales, comment une lutte acharnée pour le pouvoir entre des petits notables locaux corrompus, préoccupés par des babioles vestimentaires, des questions de préséance et de protocole, mais totalement indifférents au développement de la région dont ils ont la charge, fut le ver dans le fruit qui a conduit à la décadence, puis à la désintégration d’un empire trop vaste, mal géré et d’un pouvoir central décadent et trop lointain.

Profitant du chaos, la France et surtout l’Angleterre sont secrètement intervenues dans le jeu dès 1915 afin de tirer des avantages de ce chaos dans un Moyen Orient entré dans la zone de turbulence dont il n’est toujours pas sorti. C’est précisément à ce moment-là que la « question palestinienne« , c’est-à-dire, en réalité, la colonisation de la terre palestinienne par des groupes de plus en plus nombreux de juifs sionistes venus d’Europe centrale, a pris la tournure dramatique qu’elle n’a plus quittée depuis un siècle. A ce stade le rôle du clan Rothschild, tant de la branche française – Edmond de Rothschild – que de la branche anglaise – Lionel Walter Rothschild – a été déterminant, sans oublier l’homme de l’ombre, la cheville ouvrière dans les coulisses, Chaïm Weizmann (voir texte précédent).

C’est alors que deux diplomates, l’anglais Mark Sykes et le Français François Georges-Picot sont entrés dans la danse. Ils travaillaient dans le plus grand secret depuis des mois à un projet de partage de l’ensemble du Moyen-Orient. Après un abondant échange de lettres durant toute l’année 2015 entre ces deux diplomates, les accords secrets dits « de Sykes-Picot » furent signés le 16 mai 1916.

Les deux négociateurs-comploteurs tablaient sur l’effondrement définitif de l’Empire ottoman et, au nom de leurs gouvernements respectifs, ils se partageaient secrètement le coeur du Moyen-Orient en dessinant à la règle sur une carte une ligne droite qui délimitait deux zones d’influence. Le nord, c’est-à-dire la Syrie actuelle et le Liban, seraient sous domination française, alors que l’Angleterre se réservait l’Irak et ses puits de pétrole. Une troisième zone était prévue pour la création – en principe – d’un futur grand Etat national arabe à partir de la péninsule arabique.

La promesse de la création de cet Etat national était la condition qui avait décidé le 5 juin 2016, le chérif de la Mecque de confier ses troupes à son fils Fayçal. Pour les Arabes, il s’agissait d’une guerre d’indépendance contre la Sublime Porte ottomane. La saga épique de ce qui fut connu sous le nom de « grande révolte arabe » a donné lieu à la rédaction d’un célèbre récit autobiographique fascinant et cruel, intitulé  » Les sept piliers de la sagesse » . Son auteur, Edward Lawrence – dit Lawrence d’Arabie – membre des services de renseignements britanniques, donc au service de sa patrie, s’était néanmoins personnellement investi dans le mirage de restaurer l’empire arabe de Damas, disparu plus de mille ans auparavant et après cinq cents ans d’occupation turque.

Conformément à la réputation de perfidie d’Albion, Lawrence avait deviné que le souhait des Britanniques était simplement d’utiliser l’armée arabe sur le terrain. Cependant il a continué à s’investir pleinement dans le feu de l’action guerrière contre les Turcs aux côtés des troupes commandées par Fayçal – dont il goûtait la fougue et les séductions privées. Les Anglais combattraient les Ottomans au nord, alors que l’armée arabe de Fayçal les combattrait au sud . Ce dispositif permettait à l’Angleterre de contrôler le désir d’indépendance des Arabes, mais il était clair aux yeux de Lawrence – et la réalité le confirma – qu’elle n’avait nullement l’intention d’honorer ses promesses à Hussein, conformément au bon vieux dicton : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. D’ailleurs pendant tout ce temps, le Cabinet britannique négociait l’envoi des juifs en Palestine avec les principaux responsables du mouvement sioniste international et son représentant anglais, Sir Lionel Walter Rothschild,

Il faut dire que l’Angleterre avait en face d’elle un interlocuteur particulièrement médiocre. Comme l’écrivait le consul britannique à Djeddah, Ryder Pollard, cité dans le site madaniya.info, le cheikh qui prétendait lancer une « Grande Révolution Arabe » était un homme «  âgé, ambitieux, menteur, insignifiant, têtu, schizophrène, cupide et prétentieux, propulsé soudainement à un poste d’où il doit gérer des problèmes qu’il ne maîtrise pas « . La totalité du portrait savoureux de Jaafar Al Bakli est à déguster.

clip_image012[1]

Hussein ben Ali, chérif de La Mecque (1853-1931)

La victoire acquise, n’ayant donc plus besoin des Arabes, les Anglais se sont tournés vers les sionistes. C’est à ce moment-là que fut concocté entre le gouvernement anglais et le mouvement sioniste le message ambigu et aussi perfide à l’égard des Palestiniens que l’était à l’égard des Arabes la promesse de créer un grand royaume arabe. « Quand les armes se seront tues, vous pourrez obtenir votre Jérusalem « , aurait déclaré le ministre Arthur Balfour à Chaïm Weizmann .

Le 24 juillet 1923, était signé le Traité de Lausanne qui mettait définitivement fin à l’Empire ottoman et donnait naissance à la République de Turquie réduite à son territoire actuel, pendant que les autres provinces devenaient des Etats indépendants. Le dépeçage récent de feu la Yougoslavie est une réplique du tremblement de terre du Traité de Lausanne. Cette fois, c’étaient les Etats-Unis qui étaient à la manoeuvre. Pendant que les Européens babillaient sur les droits de l’homme qu’un dictateur serbe était censé bafouer vilainement, les Américains écrasaient Belgrade sous les bombes et se taillaient au Kosovo un petit pseudo Etat mafieux, non viable, mais en réalité constitué par la gigantesque base américaine de Camp Bondsteel opportunément édifiée à l’arrivée du gigantesque pipeline en provenance des champs pétrolifères de la mer Caspienne.

Les ancêtres de la Déclaration Balfour

D’innombrables études sur le sionisme situent sa naissance en 1897. Ne croirait-on pas que cette idéologie coloniale a surgi, armée et casquée, du génial cerveau de Theodor Herzl, telle Athéna la guerrière du crâne de Zeus? Le théoricien austro-hongrois, antisémite dans sa jeunesse et si virulent que le Führer allemand n’avait eu qu’à puiser dans ses formules-choc, aurait poussé, dans son non moins génial ouvrage inaugural, Der Judenstaat (« L’État des Juifs« ), le célèbre cri de guerre de la déesse jaillissant du crâne de Zeus ouvert d’un coup de hache du dieu forgeron Héphaïstos. C’est ne rien connaître du contexte politique des événements et ne rien comprendre à la psychologie des peuples et à l’évolution des grands mouvements de l’histoire, qui toujours serpentent longuement dans les souterrains des psychismes et du temps avant d’apparaître à la lumière.

L’ouvrage de Herzl est venu au jour au moment où un sionisme d’essence principalement religieuse existait déjà puissamment depuis les temps les plus reculés dans certaines couches de la société et dans certaines régions du globe. Mais, entre le sionisme messianique des prophètes et le sionisme politique tardif de Herzl, des personnalités comme le médecin polonais Léon Pinsker (1821-1891) auteur en 1882 de la brochure Auto-émancipation et président des « Amis de Sion » ou le fondateur du sionisme social, Moshe Hess (1812-1885) ainsi que des rabbins influents comme le Prussien Tsvi Hirsh Kalisher (1795-1874) qui prônait un retour à Sion dans une perspective messianique, ou le Serbe Alkalaï Yehouda (1795-1874) ont préparé les esprits et labouré le terrain sur lequel Théodor Herzl a pu semer.

clip_image013[1]
Léon Pinsker

clip_image014[1]
Moses Hess

clip_image015[1]
Tsvi Hirsh Kalisher

clip_image016[1]
Alkalaï Yehouda

Un puissant mouvement sioniste d’essence talmudiste, héritier des grandes conversions au judaïsme des Kazars entre le VIIIe et le Xe siècle, existait donc depuis des décennies dans les zones d’expansion de ces populations après la disparition du royaume Kazar , c’est-à-dire en Europe centrale, en Pologne, en Russie ainsi que dans les marches des provinces asiatiques. Ces pays comptaient de puissantes communautés de fidèles du dieu biblique solidement encadrées par des rabbins, qui puisaient tout leur enseignement dans le Talmud.

Le rôle du Talmud

Cependant, ce sionisme-là n’était pas armé pour la récolte. Sans l’efficace action politique de Chaim Weizman auprès du gouvernement britannique et l’appui décisif des financiers de la City et de Wall Street, notamment de Bernard Baruch, ainsi que celui de l’influente loge maçonnique B’nai B’rith (Les fils de l’Alliance) fondée en 1843 à New-York – réservée aux seuls membres juifs -, sur les gouvernements américains successifs depuis la création de la FED, à partir de 1913, l’ouvrage de Theodor Herzl se serait couvert de poussière, oublié sur un obscur rayon de bibliothèque.

Je développerai dans un prochain texte par quels canaux politiques et psychologiques s’était opérée l’unification des communautés juives dispersées dans le monde entier et comment elles se nourrissaient des mêmes commentaires sur des commentaires de la fiction originelle, dans lesquels leurs notables religieux avaient déversé toute la haine et tout le mépris qu’ils éprouvaient à l’encontre des tenants d’autres dieux – notamment des chrétiens et des musulmans. Le concentré de détestation à l’égard de tous les goys – c’est-à-dire des non-israélites, le mot juif étant une création récente – et appelé Talmud, imprégnait profondément les cervelles.

Dans son courageux ouvrage l’historien Bernard Lazare – L’Antisémitisme – l’historien Bernard Lazare écrivait que « Le Juif qui suivait ces préceptes (ceux du Talmud) s’isolait du reste des hommes ; il se retranchait derrière les haies qu’avaient élevées autour de la Torah Esdras et les premiers scribes, puis les Pharisiens et les Talmudistes héritiers d’Esdras, déformateurs du mosaïsme primitif et ennemis des prophètes. Il ne s’isola pas seulement en refusant de se soumettre aux coutumes qui établissaient des liens entre les habitants des contrées où il était établi, mais aussi en repoussant toute relation avec ces habitants eux-mêmes. À son insociabilité, le Juif ajouta l’exclusivisme.  »

Le triomphe du talmudisme dans les communautés juives est européennes constituait pour les rabbins et autres notables une manière d’unifier les esprits et de sauvegarder une identité nationale juive forte et autonome face au christianisme qui régnait alors en maître dans l’Europe occidentale et modelait les sociétés des différents Etats de cette région. Dans cet environnement social et politique, les juifs représentaient un groupe allogène, inassimilable et donc objet de rejet et de persécutions, ce qui ne manqua pas de se produire sporadiquement au fil des siècles.

A cette situation politique défavorable, les notables des communautés répondirent par l’auto-exclusion. A partir du XIIe siècle environ, un nouveau parti de zélotes bigots, bornés et ignorants, ennemi des sciences profanes qui avaient rayonné du temps de l’Espagne arabe, posa un lourd couvercle sur les cervelles et les enferma avec une férocité incroyable dans l’espace ratatiné du seul Talmud devenu l’alpha et l’omega de la vie des membres de la dispersion.

La tyrannie des Talmudistes

Les punitions à l’encontre des déviants étaient terribles. « Les Juifs (…) persécutèrent leurs coreligionnaires plus âprement, plus durement qu’on ne les avait jamais persécutés. Ceux qu’ils accusaient d’indifférence étaient voués aux pires supplices; les blasphémateurs avaient la langue coupée ; les femmes juives qui avaient des relations avec des chrétiens étaient condamnées à être défigurées : on leur faisait l’ablation du nez.  » (Bernard Lazare, L’Antisémitisme)

Une des des victimes les plus célèbres de l’obscurantisme et de la tyrannie des talmudistes hollandais fut le philosophe Baruch Spinoza qui s’était permis de penser par lui-même alors que le Talmud est censé avoir tout prévu et tout décrit. En effet, le 27 juillet 1656, le philosophe fut ostracisé et frappé de l’infamie et de la malédiction du Herem, autrement dit, d’une mort sociale et religieuse.

clip_image017[1]

Baruch Spinoza – (1632-1677)

Le jugement des talmudistes hollandais contre Baruch Spinoza:

le HEREM

Le terme «  herem  » signifie beaucoup plus qu’une exclusion de la communauté, équivalente à une excommunion dans le christianisme. Il induit la « destruction », l' »anéantissement » du renégat, au point que le philosophe a été réellement frappé d’un coup de poignard.

 » Les messieurs du Mahamad vous font savoir qu’ayant eu connaissance depuis quelques temps des mauvaises opinions et de la conduite de Baruch de Spinoza, ils s’efforcèrent par différents moyens et promesses de le détourner de sa mauvaise voie. Ne pouvant porter remède à cela, recevant par contre chaque jour de plus amples informations sur les horribles hérésies qu’il pratiquait et enseignait et sur les actes monstrueux qu’il commettait et ayant de cela de nombreux témoins dignes de foi qui déposèrent et témoignèrent surtout en présence dudit Spinoza qui a été reconnu coupable ; tout cela ayant été examiné en présence de messieurs les Rabbins, les messieurs du Mahamad décidèrent avec l’accord des rabbins que ledit Spinoza serait exclu et retranché de la Nation d’Israël à la suite du herem que nous prononçons maintenant en ces termes:

A l’aide du jugement des saints et des anges, nous excluons, chassons, maudissons et exécrons Baruch de Spinoza avec le consentement de toute la sainte communauté d’Israël en présence de nos saints livres et des 613 commandements qui y sont enfermés.

Nous formulons ce herem comme Josué le formula à l’encontre de Jéricho. Nous le maudissons comme Elie maudit les enfants et avec toutes les malédictions que l’on trouve dans la Torah.

Qu’il soit maudit le jour, qu’il soit maudit la nuit, qu’il soit maudit pendant son sommeil et pendant qu’il veille. Qu’il soit maudit à son entrée et qu’il soit maudit à sa sortie.

Que les fièvres et les purulences les plus malignes infestent son corps. Que son âme soit saisie de la plus vive angoisse au moment où elle quittera son corps, et qu’elle soit égarée dans les ténèbres et le néant.

Que Dieu lui ferme à jamais l’entrée de Sa maison. Veuille l’Eternel ne jamais lui pardonner. Veuille l’Eternel allumer contre cet homme toute Sa colère et déverser sur lui tous les maux mentionnés dans le livre de la Torah.

Que son NOM soit effacé dans ce monde et à tout jamais et qu’il plaise à Dieu de le séparer pour sa ruine de toutes les tribus d’Israël en l’affligeant de toutes les malédictions que contient la Torah.

Et vous qui restez attachés à l’Eternel , votre Dieu, qu’Il vous conserve en vie.

Ce texte a été affiché dans tous les lieux d’Amsterdam où vivaient des juifs et envoyé dans les principales villes d’Europe où il y avait d’importantes communautés juives.

En 1948 Ben Gourion a tenté de faire lever ce  » herem « , mais les rabbins de l’Israel actuel refusèrent.

Un fanatique juif issu des fidèles de la grande synagogue d’Amsterdam, située sur le quai du Houtgrach, a tenté de l’assassiner. Blessé, heureusement superficiellement, il a conservé durant de longues années son manteau troué par le poignard afin de garder sous les yeux les preuves des méfaits de tous les fanatismes, y compris et surtout de celui de ses co-religionnaires.

Près de trois siècles après la condamnation du philosophe, David Grün, alias Ben Gourion a tenté, en 1948, de faire lever ce « Herem », qui maudit le philosophe, y compris post mortem, mais les rabbins de l’Israel actuel s’y opposèrent. Le philosophe Baruch Spinoza demeure donc, depuis 362 ans, frappé de pestifération dans tout le monde juif par les rabbins contemporains.

Mais même cette sorte de police interne n’aurait pas été suffisante s’il n’avait existé durant des siècles un gouvernement central secret et puissant qui, grâce à une toile d’araignée d’envoyés, sorte de missi dominici expédiés dans le monde entier, contrôlait et dirigeait tous les détails la vie quotidien de chacune des communautés dispersées dans le monde entier qui ensemble constituaient la « Nation d’Israël », comme il est dit en toutes lettres dans le texte du Herem.

Les sionistes célèbres en action

Il a donc suffi qu’un médiocre journaliste et homme de Lettres, aigri par ses échecs professionnels d’intégration en France et en Allemagne, ainsi que par un mariage raté et tumultueux – Theodor Herzl, ci-devant antisémite notoire, pire que les antisémites nazis – qu’un très efficace et remuant homme d’influence auprès du gouvernement anglais – Chaim Weizmann – que le richissime banquier à la tête du sionisme anglais – Lord Lionel Walter Rothschild – que des hommes d’influence – notamment le rabbin Stephen S. Wise, premier président du congrès juif américain, puis mondial – et de richissimes banquiers capables de corrompre le Congrès et le gouvernement américain tout entier – notamment le banquier Bernard Baruch – il a donc suffi, dis-je, que ces puissantes personnalités juives unissent leurs efforts corrompent ou influencent leurs gouvernements respectifs, qu’elles se concertent, poussent toutes dans le même sens et y associent une pluie de richissimes acolytes pour que le sionisme pût efficacement être planté au coeur de la Palestine.

clip_image018[1]

Theodor Herzl (1860-1904)

clip_image009[3]

Chaim Weizmann (1874-1952)

clip_image019[1]

Bernard Baruch (1870-1965)

clip_image021[1]

Stephen S. Wise (1874-1942)

Or, les juifs de l’Ouest de l’Europe avaient été longtemps vent debout contre la solution d’un regroupement des juifs en Palestine. A cette époque, largement intégrés dans les sociétés dans lesquelles ils vivaient et y prospéraient librement, comme le prouve la famille Rothschild elle-même, dont les fils du fondateur né dans un ghetto de Francfort-sur- le- Main, sont devenus richissimes et anoblis dès la première génération, tant en Angleterre qu’en France, tandis que la troisième génération, celle du Français baron Edmond de Rothschild et de l’Anglais Lord Lionel Rothschild, pouvaient, selon le scenario classique des héritiers, se livrer à de coûteux et baroques passe-temps. Devenus des notables, la philanthropie et d’onéreuses fantaisies leur permettaient de manifester ostensiblement une intégration si réussie qu’elle frisait la provocation.

clip_image022[1]

Sir Lionel Walter Rothschild en promenade sur une tortue géante, un bizarre casque sur le crâne

Les juifs européens , particulièrement bien intégrés en Allemagne, n’avaient donc nullement envie d’aller exploiter un lopin aride et microscopique qui n’offrait aucune perspective d’enrichissement. Ainsi, aux révolutionnaires sionistes de Russie qui le pressaient de rejoindre la « terre promise« , le juif allemand Gabriel Rieser répondait:  » Nous n’avons pas immigré ici, nous sommes nés ici, et parce que nous sommes nés ici, nous n’émettons aucune revendication à un foyer quelque part ailleurs ; soit nous sommes des Allemands, soit nous sommes sans foyer. » Il en était de même des juifs français ou américains. A l’époque, seuls les talmudistes d’Europe centrale poussaient le projet sioniste.

C’est bien la raison pour laquelle les juifs du IVe siècle avaient en leur temps refusé la proposition de l’empereur romain Julien dit l’Apostat (330-363), qui leur offrait son aide afin de reconstruire le Temple détruit par Titus en 70. Installés dans l’empire de longue date – notamment à Rome même – et malgré des bouffées d’un antisémitisme populaire sporadique, ils y jouissaient de conditions qu’ils jugeaient préférables à la rudesse naturelle de la vie dans un pays économiquement peu développé.

A l’intérieur même du gouvernement anglais des voix nombreuses se faisaient entendre contre le projet Balfour-Rothschild, mais lorsque la formulation de Lord Lionel Rothschild – « l’établissement de la Palestine comme foyer nationale des juifs » – a été modifiée par le Foreign Office en « l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif« , le projet a été jugé suffisamment vague pour prendre officiellement corps.

Paradoxalement, l’antisémitisme du chrétien sioniste Arthur Balfour, ainsi que celui du premier ministre de l’époque Lloyd George, joints au sionisme chrétien ambiant issu de la Réforme, avaient créé le terreau sur lequel s’est greffé le soutien de la presse anglaise à la cause sioniste. Pour les chrétiens sionistes, le retour des juifs en « terre sainte » était censé ramener le Messie – Jésus – sur la terre. Il devait précipiter l’apocalypse et assurer le triomphe du christianisme sur le judaïsme – tous les juifs devraient alors s’être convertis au christianisme – mais il n’est jamais précisé par quel miracle s’opèrerait cette conversion. Ce messianisme sioniste persiste dans les pays anglo-saxons et explique le soutien indéfectible des millions de sionistes chrétiens américains à l’actuel Etat d’Israël en dépit des exactions des gouvernements successifs et d’une politique barbare et sadique à l’encontre des Palestiniens.

Arthur James Balfour et l’expansion du sionisme

Député conservateur et membre du parti unioniste Arthur Balfour est un de ces politiciens anglais dont personne ne se souviendrait plus aujourd’hui s’il n’avait été le signataire officiel de la missive de 1917 qui porte son nom et qui crucifiait les Palestiniens.

Une carrière politique classique lui avait permis d’occuper divers postes ministériels au trésor, à la défense, à l’enseignement ou aux douanes. Ses faits d’armes furent la signature de l‘Entente cordiale entre la France et l’Angleterre en 1904 et une loi de 1905 sur les étrangers qui visait précisément à restreindre l’entrée dans le Royaume de Sa Majesté les nombreux juifs en provenance de l’Est de l’Europe qui se pressaient à ses frontières. Lorsque David Lloyd George devint Premier ministre en décembre 1916, Balfour fut nommé au ministère des Affaires étrangères. En conservateur anglais classique , il manifestait, comme tous ses pairs chrétiens sionistes, un antisémitisme militant qui le poussait à souhaiter non seulement empêcher les juifs d’immigrer, mais même vider l’Angleterre des juifs qui y étaient installés depuis Cromwell.

Il faut dire qu’à la fin du XIXe siècle, plus de deux millions de juifs avaient quitté la misère et les pogroms de la Russie tsariste pour le Nouveau Monde principalement, mais cent cinquante mille d’entre eux avaient réussi à s’installer au Royaume Uni. Des vagues d’antisémitisme avaient alors secoué l’Angleterre au début du XXe siècle. Bouter les juifs hors du pays et les expédier en Palestine, tel était le rêve des chrétiens sionistes qui, de plus, aurait permis de calmer l’opinion publique.

Pourquoi pousser l’installation en Palestine, alors que des projets d’établissement dans des terres vierges et riches de promesses économiques – Ouganda, Argentine – avaient été élaborés par des responsables du mouvement sioniste? . D’abord parce que le sionisme chrétien était présent dans les pays protestants de l’Europe du Nord, en Allemagne et en Angleterre qui poussaient l’installation en Palestine. L’idée d’une germanisation de la Palestine par des populations parlant un yiddish germanisant avait un temps séduit les Allemands et présentait l’avantage d’atténuer l’antisémisme allemand. Après les accords Sykes-Picot, les Français s’étaient également mis sur les rangs. Ils se souvenaient que Napoléon avait, dans un premier temps, caressé ce projet – avant d’avoir effectué un virage à 180° et prôné l’assimilation des juifs de France. Une Lettre-Déclaration du 4 juin 1917 du secrétaire général du ministère des affaires étrangères, Jules Cambon, au dirigeant sioniste Nahum Sokolov exprimait le soutien de la France à l’idée de l’installation des juifs en Palestine. Je n’ai pas réussi à trouver une copie de cette lettre.

Mais tout ce remue-ménage diplomatique prouve que le projet était largement partagé par les chancelleries occidentales. Cela ne faisait pas les affaires des Anglais. Aiguillonnés par les démarches françaises, ils accélérèrent la concrétisation de leur projet et répliquèrent par la Déclaration Rothschild-Balfour. Le rédacteur et le destinataire de la Déclaration anglaise étant autrement importants que ceux de la Déclaration française, celle-ci est tombée dans les oubliettes.

Mais les Anglais avaient une autre raison capitale de doubler les Français. Il s’agissait de contrecarrer les conséquences de l’accord Sykes-Picot qui pérennisait la présence de la France sur les rives du Canal de Suez. Dès 1915 , un membre sioniste du Cabinet anglais, Sir Herbert Samuel, écrivait que « L’établissement d’une grande puissance [la France ] si près du Canal de Suez serait une permanente et formidable menace pour les lignes de communication essentielles de l’Empire [ britannique » ].

Le principal négociateur et chef de file du mouvement sioniste en Angleterre, Chaïm Weizmann, a su habilement jouer de la rivalité entre Français et Anglais dans la région. Dès 1914, il avait mobilisé les gouvernements de Sa Majesté et tenté de hâter la publication de la lettre Balfour. « Si la Palestine tombe dans la sphère de l’influence britannique (…) nous pourrons avoir d’ici vingt-cinq ou trente ans un million de Juifs ou davantage ; ils formeront une garde effective pour le canal de Suez «  qui, il faut le rappeler, avait été conçu et réalisé sous la direction du Français Ferdinand de Lesseps.

Après de longues années de tractations entre les deux nations, l’Angleterre obtint le droit d’exercer un mandat sur la Palestine et l’Irak pendant que la France obtenait les mandats sur la Syrie et le Liban, mais sans que les limites territoriales fussent clairement déterminées, ce qui sera la source d’interminables conflits dont les guerres actuelles sont les lointaines répliques.

Fin de la 2è Partie

Suivront:

Balfour3: Où l’on comprend que l’entrée en guerre des Etats-Unis en 1917 est le fruit des efforts conjugués des banquiers anglo-saxons et du mouvement sioniste international.

Balfour4: Où l’on découvrira que Messieurs Weizmann, Balfour, Rothschild , and C° sont les dignes successeurs d’Esdras et de Néhémie.

Balfour5: « Nihil sine ratione », Leibniz avait raison. Où l’on découvrira que la dispersion est une illusion d’optique et qu’un gouvernement central puissant, qui a existé durant des siècles, est aujourd’hui localisé aux Etats-Unis.

Biliographie

Ralph Schoenman, L’histoire cachée du sionisme, Selio 1988

Israël Shahak, Le Racisme de l’Etat d’Israël , Guy Authier, 1975

Karl Marx, Sur la question juive

SUN TZU, L’art de la guerre

Claude Klein, La démocratie d’Israël,1997

Jacques Attali: Les Juifs, le monde et l’argent, Histoire économique du peuple juif. Fayard, 2002

Le 24 juin 2018

 
 

http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/chaos/balfour2/balfour2.htm


Viewing all articles
Browse latest Browse all 11

Latest Images

Trending Articles


L'endocrinologue palois condamné à 2 ans de prison avec sursis


Pierrot Dupuy - Un vrai manger cochon dans la 5ème circonscription


PRONOSTIC DU JEUDI


Pour le retour de ma pute


Vends sono L-Acoustics incremental - 1 000 €


Alain Souchon, de quelle souche ?


Mon Riverside 700


Transports Trans LG (Davy Landier)(86)


World Invasion : Battle Los Angeles [AC3] [BRRiP] [FRENCH] [MULTI]


De Michel JOANNY





Latest Images